Les coûts d'expédition ont fortement augmenté et une concurrence féroce pour la capacité de fret maritime est la nouvelle norme. La nouvelle capacité n'étant mise en service que lentement, les taux de fret devraient continuer d'atteindre de nouveaux sommets cette année et resteront supérieurs à leurs niveaux d'avant la pandémie à plus long terme.
Pas de soulagement à court terme
Les frais de transport ont fortement augmenté depuis l'automne 2020, mais les premiers mois de cette année ont vu une nouvelle flambée des prix à travers différents taux de fret (vrac sec, conteneurs) le long des grands axes commerciaux. Les prix de plusieurs voies commerciales ont triplé par rapport à l'année dernière, et les prix d'affrètement des porte-conteneurs ont connu des hausses similaires.
Il y a peu de signes de soulagement à court terme, et les taux devraient donc continuer à augmenter au second semestre de cette année, car la demande mondiale croissante continuera d'être satisfaite avec des augmentations limitées de la capacité de transport et les effets perturbateurs des blocages locaux. . Même lorsque de nouvelles capacités arrivent, les transporteurs de conteneurs peuvent continuer à être plus actifs dans leur gestion, maintenant les taux de fret à un niveau plus élevé qu'avant la pandémie.
Voici cinq raisons pour lesquelles les coûts ne vont pas baisser de sitôt.
1. Les déséquilibres mondiaux persistants font encore grimper les prix
Les problèmes qui s'étaient accumulés depuis le début de la pandémie comprenaient des déséquilibres dans la production et la demande de marchandises, les pays se verrouillant et s'ouvrant à des moments différents, ainsi que les compagnies maritimes réduisant la capacité sur les routes principales et les pénuries de conteneurs vides. Au fur et à mesure que la reprise progressait, la demande mondiale s'est fortement redressée, en particulier dans les secteurs les plus étroitement liés au commerce international de marchandises. La concurrence pour la capacité de fret maritime s'est intensifiée à mesure que les économies s'ouvrent davantage et que les stocks sont reconstitués dans les différents maillons des chaînes d'approvisionnement.
2. Peu d'alternatives au fret maritime
Le manque d'alternatives au fret maritime signifie qu'il est difficile d'éviter la flambée des coûts de transport pour le moment. Pour les produits de plus grande valeur, d'autres modes de transport seraient normalement une option, comme l'expédition d'appareils électroniques par avion ou par train, notamment par la « route de la soie ». Mais la capacité est actuellement limitée et les tarifs ont également augmenté. Les expéditeurs de produits de moindre valeur tels que les articles ménagers, les jouets, les articles promotionnels ou les t-shirts ont vu leurs frais de transport passer d'environ 5 % de leurs coûts d'approvisionnement à plus de 20 %.
La difficulté d'absorber des augmentations de marge à cette échelle signifie que les consommateurs peuvent commencer à en ressentir les impacts via des augmentations de prix ou des changements dans la disponibilité des produits.
3. Une reprise déséquilibrée tout au long de 2021
Certains pays exportent déjà plus de marchandises qu'avant la pandémie, tandis que dans d'autres, y compris les États-Unis, les exportations restent à la traîne par rapport à la reprise globale de la production. Le commerce des marchandises augmentera encore tandis que non seulement les principaux pays commerçants, mais aussi leurs partenaires commerciaux, continueront de se redresser. La concurrence pour la capacité de fret maritime devant persister, la reprise déséquilibrée continuera d'exacerber certains des problèmes pour le commerce mondial, notamment le déplacement de conteneurs vides. Tout cela s'ajoute à plus de pression sur les taux de fret à court terme.
4. La réduction des navigations à blanc contribuera à alléger les contraintes de capacité
À l'échelle mondiale, la capacité sur les principales routes maritimes a retrouvé ses niveaux d'avant les principaux blocages de 2020, bien que les traversées à blanc (escales portuaires annulées) aient continué à réduire de 10 % la capacité prévue au premier trimestre. Il y a des signes d'amélioration ce trimestre qui, sur les plans actuels, s'établira en moyenne à 4 %. Mais les annulations ont été en partie une réponse à des retards, donc même si le système reste encombré, la capacité d'expédition peut continuer à être retirée du système à court terme.
5. La congestion et les fermetures des ports continuent de créer des retards
Comme le suggère le lien entre les départs annulés et les retards, la congestion fait partie du problème. Les performances du transport maritime en 2021 se sont poursuivies là où 2020 s'était arrêtée, en termes de taux inférieurs de navires respectant le calendrier et de retards moyens pour les navires en retard en hausse. Certains signes indiquent que les performances moyennes commenceront à s'améliorer, car la part des navires atteignant leur destination à temps a cessé de baisser en avril et les retards moyens se sont améliorés. Mais la performance globale reste la plus basse qu'elle ait été en dix ans de records.
Dans le même temps, la pandémie entraîne toujours des perturbations, comme la fermeture soudaine du port à conteneurs chinois de Yantian – qui fait partie du 4e plus grand port à conteneurs au monde de Shenzhen – début juin. Même si les opérations ont repris, la congestion et le besoin continu de mesures pour arrêter la propagation de Covid-19 signifient que les retards continuent de s'accumuler. Bien que la Chine et d'autres grands pays commerçants progressent dans les programmes de vaccination, la création d'une immunité prendra du temps et, par conséquent, les interruptions de traitement resteront un risque au cours des prochains mois.
L'inondation de nouvelles capacités de conteneurs atténuera les pressions sur les prix, mais pas avant 2023
Les porte-conteneurs ont enregistré des résultats financiers exceptionnels pendant la pandémie, et au cours des 5 premiers mois de 2021, les nouvelles commandes de porte-conteneurs ont atteint un record de 229 navires avec une capacité totale de chargement de 2.2 millions d'EVP. Lorsque la nouvelle capacité sera prête à l'emploi, en 2023, elle représentera une augmentation de 6 % après des années de faibles livraisons, que la démolition d'anciens navires ne devrait pas compenser. Parallèlement à la croissance mondiale dépassant la phase de rattrapage de sa reprise, l'augmentation à venir de la capacité de fret maritime exercera une pression à la baisse sur les coûts d'expédition, mais ne ramènera pas nécessairement les taux de fret à leurs niveaux d'avant la pandémie, car les paquebots semblent avoir appris à mieux gérer les capacités dans leurs alliances.
À court terme, les taux de fret pourraient encore atteindre de nouveaux sommets grâce à la combinaison de nouvelles augmentations de la demande et des contraintes d'un système encombré. Et même lorsque les contraintes de capacité sont assouplies, les taux de fret peuvent rester à des niveaux plus élevés qu'avant la pandémie.